Apprendre la patience aux enfants : tous nos conseils !
Attendre. En voilà une notion dont bien des enfants sont dépourvus ! À un certain âge, ils veulent tout, tout de suite.
Qu’ils désirent l’attention de leurs parents, ou obtenir quelque chose, il faut que ça aille vite, et ils savent bien nous le faire comprendre. Ce n’est qu’en grandissant qu’ils apprendront à faire preuve de patience. Mais en attendant que ce jour-là arrive, les cris et les pleurs qui peuvent accompagner l’impatience des enfants peuvent mettre nos nerfs à rude épreuve.
Comment éviter ces crises ? Et surtout, comment apprendre la patience aux enfants ? Voici quelques conseils !
Apprendre la patience aux enfants : un vrai processus !
Qu’on se le dise, la patience n’est pas innée, elle s’acquiert avec le temps. Cela suppose donc que l’on ne peut pas s’attendre à ce qu’un enfant en bas âge sache attendre en un claquement de doigts. D’autant plus que pour apprendre à patienter (5 minutes, 1 heure ou encore quelques jours), encore faut-il maîtriser la notion du temps qui passe. Or, nous vous en parlions il y a peu dans l’article dédié à l’apprentissage du repérage dans le temps, c’est une notion complexe pour les enfants qui s’acquiert au fil des années.
Alors effectivement, il est parfois tentant de se soumettre aux moindres des envies du petit dernier « pour avoir la paix ». Mais tout donner tout de suite lui rend-il service ? Comment réagira-t-il lorsqu’il sera confronté à une attente plus longue ? Car parfois, pour l’anniversaire, le passage du Papa Noël, du lapin de Pâques, un déménagement, et j’en passe, on ne peut rien faire d’autre que : attendre patiemment que ce soit LE moment.
Notre rôle de parents est donc d’accompagner nos enfants à apprendre à patienter, en leur donnant des clés pour que cela ne leur semble pas être un supplice (non, non, le mot n’est pas trop fort, ça en est un pour certains !).
Pourquoi mon enfant est-il aussi impatient ?
« Les études en psychologie du développement montrent que la durée la mieux perçue par les enfants est celle de l’attente. La frustration et l’attente permettraient la conscience du temps et de la durée. »(1)
La faute à la durée subjective !
Cela parait étrange, et pourtant quand on y pense, c’est justement la frustration et l’attente qui vont permettre à nos enfants de faire – très progressivement – la différence entre la “durée objective” et la “durée subjective”.
Prenons un exemple pour mieux comprendre :
– 5 dodos dans une semaine dite « normale », c’est la routine de la semaine, c’est mesurer le temps du lundi au week-end. Grâce aux rituels instaurés à l’école et à la maison, et aux outils de classe utilisés par les enseignants, les enfants parviennent à mesurer ce temps qui passe toujours à la même vitesse : c’est une durée objective.
– Mais 5 dodos jusqu’à un événement spécial qu’on attend avec impatience, cela parait beaucoup plus long ! C’est ça la durée subjective. C’est celle qui fait dire à nos enfants : « C’est trop long d’attendre ! ».
Maintenant, mettons-nous un instant à la place de notre enfant :
Combien de fois avons-nous fait l’expérience de la durée subjective ! Cette dernière semaine de travail avant les vacances qui nous semble si longue, par exemple ? Même nous, les adultes, subissons cette durée subjective !
Mais la différence entre nous et les enfants, c’est que nous savons pertinemment que le temps ne fait que « sembler » être plus long. Les enfants, eux n’en ont pas conscience et le temps subjectif leur semble véritablement interminable.
Alors oui, cette phase dans la vie de nos enfants peut devenir l’enfer pour nous, parents. Nous sommes sans cesse sollicités par des demandes en tout genre, auxquelles on ne peut pas répondre tout de suite. La patience est un apprentissage qui nécessite de comprendre et appréhender le temps qui passe. Les enfants vivent dans le moment présent et le futur est abstrait pour eux, voire inexistant.
C’est pourquoi il est important de toujours donner des éléments temporels aux enfants. Ainsi, on ne dira pas « nous allons partir », mais plutôt « nous allons partir dans 5 minutes ». Certes, ils n’ont peut-être aucune notion de ces « 5 minutes », mais cela leur permet d’acquérir un processus d’apprentissage sur le temps qui passe. On dira encore « c’est dans 7 dodos » plutôt que « la semaine prochaine ».
Outre le fait que les enfants vivent dans le présent, cette impatience est également liée au fait qu’ils ne font pas la différence entre leurs attentes et le monde réel. Pour eux, lorsque l’on répond « non » et qu’on leur demande de patienter face à une de leur demande, c’est un peu « bah pourquoi ??? » qui se passe dans leur tête.
Pour eux, la seule chose qui existe est le lien direct entre leur désir et la réalisation de celui-ci. Le reste (les aléas de nos vies « de grands », les contraintes du calendrier, les moyens nécessaires pour assouvir leur demande) n’existe pas. Tout simplement parce que jusqu’à un certain âge, l’enfant n’a pas encore intégré qu’il existe une réalité en dehors de sa propre personne, et que le monde ne tourne pas autour de lui.
La notion de patience en fonction de l’âge des enfants
Comme pour beaucoup de choses, il y a un âge pour tout ! Et l’apprentissage de la patience n’y échappe pas : il y a un âge pour apprendre la patience.
– Entre un an et 3 ans, la notion du temps est beaucoup trop abstraite et l’enfant ne sait pas tenir compte des aléas extérieurs ou se mettre à la place des autres (il n’a pas conscience des limites de sa personne). De fait, l’attente (même 5 minutes) peut lui paraître durer des heures, ce qui l’amène à réagir avec intensité lorsqu’on lui demande de patienter. Mais c’est à cet âge que l’on peut commencer à lui apprendre la patience en lui donnant des points de repère précis pour l’habituer à patienter. On peut alors se servir de sabliers, de minuteurs, lui demander de patienter le temps d’une chanson ou encore lui mettre à disposition un calendrier pour compter en dodos lorsque l’attente est sur plusieurs jours.
– Ce n’est que vers l’âge de 4 ans que l’enfant commence à maîtriser la notion de temps de passe et d’attente. Il est donc plus à même de pouvoir patienter un certain délai lorsqu’il nous sollicite. À cet âge, les enfants sont également plus autonomes, et sont donc plus à même de s’occuper seuls le temps de patienter un court moment.
La communication est primordiale et il est essentiel de toujours expliquer à l’enfant la raison pour laquelle il doit attendre (vous n’êtes pas disponible, car vous préparez le repas, ce n’est pas l’heure pour aller à la piscine, etc.). N’hésitez pas à lui proposer une activité ou le faire participer à la vie de la maison. Bien souvent, cela calme l’impatience.
Comment réagir face à un enfant impatient ?
La façon dont nous réagissons face aux demandes des enfants est importante lorsque l’on souhaite leur apprendre à patienter.
Comprendre son impatience
Le premier conseil que l’on peut vous donner est de comprendre son impatience. Il n’est pas vous, adulte, capable de gérer sa frustration de ne pas obtenir tout de suite ce qu’il veut. Demandez-vous si l’enfant cherche à satisfaire un désir ou un besoin et agissez en conséquence. L’un peut attendre, l’autre moins.
S’il s’agit d’un désir, ou d’une envie, comme de vouloir tout de suite – maintenant – jouer à un jeu ou sortir au parc, faites preuve de tolérance en le guidant pour l’emmener à patienter. Et surtout, félicitez-le lorsqu’il réussit à patienter. Valoriser sa capacité à attendre est le meilleur moyen de l’encourager à en faire de même la prochaine fois.
Être nous-mêmes patients
De notre côté, il convient de mesurer nos réactions face à l’impatience des enfants (et aux éventuelles crises qui en découlent). Tentons de rester zen et de nous rappeler qu’ils sont en plein apprentissage !
Une petite astuce pour éviter de se faire littéralement « manger le cerveau » à coup de sollicitation à répétitions est d’instaurer un code. Si vous ne pouvez pas répondre immédiatement à l’enfant parce qu’en pleine discussion par exemple, faites-lui un signe de la main, ou un clin d’œil pour lui montrer que vous avez entendu, mais qu’il doit patienter.
Et surtout, an-ti-ci-pez ! Si vous savez que vous allez devoir patienter dans une salle d’attente, ou qu’il y a un long voyage en train, ou encore que vous prévoyiez d’aller au restaurant, prenez un petit sac avec de quoi occuper les enfants, pour les aider à patienter.
Expliquer pourquoi il doit attendre
Nous en parlions plus haut, pour qu’un enfant patiente, il a besoin de comprendre pourquoi il doit attendre. Prenez le temps de lui expliquer calmement la raison pour laquelle il ne peut pas obtenir immédiatement ce qu’il souhaite. Également, mettez des mots sur ce qu’il ressent : de la frustration (de ne pas obtenir ce qu’il souhaitait à temps), de la colère peut-être d’entendre un non de la part de ses parents, etc. La communication, comme bien souvent avec les enfants, est la clé !
Donner un repère temporel à l’enfant
Au-delà de lui expliquer pourquoi il doit attendre, donnez-lui un repère temporel. Pour les plus petits, utilisez des points de repère précis comme l’heure de la sieste, le retour de papa ou maman à la maison après le travail, etc. Pour cela, le calendrier Ouikili est idéal, car l’enfant visualise avec facilité les événements de sa journée grâce aux magnets. Il peut ainsi repérer que tant qu’il n’a pas fait le dodo de l’après-midi, ce n’est pas l’heure du goûter, et que par conséquent il ne peut obtenir un bonbon tout de suite. Ou encore que l’anniversaire de son cousin n’est que dans 3 jours, et qu’il devra encore faire quelques dodos avant de pouvoir faire la fête.
Le calendrier magnétique pour enfants Ouikili permet également d’anticiper l’impatience des enfants. En visualisant les événements de sa journée ou de sa semaine, et en préparant le planning avec lui, l’enfant visualise ce qui va se passer avant que sa demande ne soit satisfaite. Cela lui permet de mieux appréhender son espace-temps.
Quelques outils et idées d’activités pour apprendre la patience aux enfants
Le jeu est un excellent moyen d’acquérir des notions pour les enfants, comme la patience. C’est le cas notamment des puzzles, ou encore des jeux de société pour lesquels il faut attendre son tour pour jouer.
Le jardinage est également un très bon moyen d’enseigner aux enfants que certaines choses demandent du temps, et que même si on a envie de manger une fraise tout de suite, il va falloir d’abord falloir attendre qu’elle pousse et qu’elle mûrisse.
À la maison, vous pouvez customiser vos horloges en y mettant des gommettes de couleurs. Cela servira de repère visuel à l’enfant lorsque vous lui demanderez de patienter. Ainsi, vous pourrez vous en servir pour délimiter un temps d’activité, ou encore lui demander de patienter jusqu’à ce que l’aiguille soit sur la gommette verte.
Si vous êtes en extérieur, faites preuve d’ingéniosité. Parfois, un enfant qui s’impatiente, c’est un enfant qui s’ennuie (lorsque l’impatience provient d’une longue attente). Proposez-lui une activité, un jeu, des devinettes, chantez une chanson, prévoyez un livre avant de quitter la maison, donnez-lui une mission à remplir pour vous aider, etc.
Comprendre l’impatience de votre enfant est le meilleur moyen de lui apprendre à être patient. Vous savez maintenant pourquoi votre refus de vous soumettre à ses demandes peut générer des crises de sa part. Le meilleur moyen de l’emmener à patienter est de communiquer, et surtout, d’anticiper les moments d’impatience. Munissez vous d’activités en tout genre et d’une bonne dose de patience !
(1). « Séminaire Les rituels à l’école maternelle : La construction de repères du temps dans les activités ritualisées », par Jérôme DAMBLANT, PIUFM – Cécile BONNEAU, CPC – Martine DESPLANQUE et Jean-Charles SAMMUT, DEA